
Mutinerie à Kondengui: Bilan et leçons à tirer

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Les affaires retournent à la normale à la prison centrale de Kondengui après un début de semaine très violent suite à une mutinerie dont l’origine tire ses sources d’un mouvement de protestation organisé par les prisonniers qui se revendiquent de la “cause anglophone”. Rejoints par les partisans du MRC, la situation prendra rapidement des proportions très inquiétantes pour se muer en une véritable mutinerie.
48 heures après ce regrettable événement, le bilan est connu. Dans son communiqué le ministre de la communication, René Emmanuel Sadi, dresse le coût des actions survenues le lundi 22 Juillet dans le pénitencier central de Kondengui. La bibliothèque du centre pénitencier partie en fumées, au même titre que l’infirmerie, le bureau de discipline, plusieurs blessés dont deux ex-haut cadres du gouvernement, des fortes sommes d’argent volées, des saccages et pillages; ainsi se résume le lourd tribut des événements houleux de lundi dans cet univers carcéral situé dans le quatrième arrondissement de la capitale, Yaoundé.

L’interpellation de “177 détenus” identifiés comme “leaders du mouvement” pourrait-elle aider à prévenir les mutineries quand on sait que ces personnes interpellées ne sont pas à l’origine de la tentative de mutinerie qui s’est produite hier à la prison de Buéa? Ne devrait-on pas traiter le problème à la source? Quels leçons devons nous tirer de l’ incident de Kodengui?
Se référant à certaines plaintes des manifestants notamment les “renvois arbitraires” des jugements, la détention des prévenus sur de longues périodes sans jugement (des chiffres parlent d’une population carcérale composée de plus de 80% de prévenus dans l’attente de jugement), la première leçon à tirer c’est la célérité des procédures judiciaires en toute partialité pour éviter des frustrations, la surpopulation carcérale et surtout des incarcérations injustes.
La seconde leçon consiste en l’urgence du désengorgement de nos univers carcéraux qui font face à un réelle problème de surpopulation. Pour illustration, la prison centrale de kodengui ayant une capacité de 1200 places, accueille actuellement plus de 5000 pensionnaires. Dans de telles conditions, comment les agents pénitenciers pourront-ils bien exercer leur travail? De pareilles conditions de détention, sont de nature à créer plus de frustrations chez les détenus qui pourraient se transformer en bombes à retardement pour la société. L’incident de Kodengui met aussi au bout du jour la nécessité de déplacer les prisons situées en pleine agglomération pour les installer en dehors. Nul ne pourrait imaginer les lourdes conséquences qu’aurait entraîné une évasion massives de ces détenus.
Au delà du bilan et des leçons à tirer, il faut condamner les incendies des bâtiments et tout autre acte de violence qui ont eu cours ce jour. Car rien ne se saurait se construire dans la violence.
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